Pourquoi j’aime autant l’Islande, et pourquoi je pourrais y disparaître pour de bon

Pourquoi j’aime autant l’Islande, et pourquoi je pourrais y disparaître pour de bon

J’y suis allé deux fois. Deux fois, et pourtant j’en parle comme si j’y avais grandi entre une coulée de lave et un mouton sauvage. L’Islande, c’est pas juste un pays. C’est un bug dans la matrice du tourisme de masse, un endroit où tu peux te retrouver à contempler une cascade en te demandant si t’es toujours vivant ou déjà dans le Valhalla.

La nature : 1 – Humanité : 0

Là-bas, la nature te rappelle qui est le patron. Tu roules cinq minutes hors de Reykjavik et boum : t’es seul face à une plaine de lave noire, une montagne trempée de brume, ou un geyser qui te gueule dessus. C’est pas le genre de paysage qui dit "viens, pose un transat". C’est plutôt : "avance si t’oses".

Le royaume de la solitude choisie

En Islande, personne ne te juge si tu veux juste marcher huit heures dans le vent sans parler à une âme. Là-bas, la solitude n’est pas suspecte. Elle est même noble. Elle sent le soufre et la laine de mouton, elle te laisse respirer sans te coller une notif toutes les deux secondes.

Les flics lisent des romans noirs

Un autre truc que j’aime : leur culture. Pas au sens "ils ont de bons musées", mais au sens "leur Premier ministre pourrait très bien écrire des polars sur des meurtres dans des fjords, et ça serait normal". D’ailleurs, certains le font (coucou Katrín Jakobsdóttir). En Islande, le noir n’est pas une couleur, c’est une atmosphère littéraire.

Et ce qui est délicieux, c’est que malgré l’un des taux de criminalité les plus bas du monde, l’Islande produit des tonnes de romans policiers où il fait toujours nuit, il neige toujours, et quelqu’un finit toujours par être retrouvé mort dans un fjord.
Un paradoxe que je trouve très islandais : on vit en paix, mais on imagine le pire avec style.

Cette vibe s’est très bien transformée en série télé.
"Trapped" par exemple, c’est pas juste une série policière : c’est un masterclass de tension, de brouillard et de pulls trop épais. Dans le genre "polar givré", y’a aussi "Katla" (sur fond d’éruption et de mystère), "The Valhalla Murders", ou encore "Blackport", pour les amateurs de drames politiques sous stéroïdes géothermiques.

Résilience, parité et volcans

L’Islande, c’est aussi le seul endroit au monde où tu peux survivre à une éruption, militer pour la parité, et redevenir viking avant le dîner. Ce peuple a l’habitude de vivre avec la terre qui tremble sous ses pieds, et pourtant ils te claquent des lois pour l’égalité hommes-femmes pendant qu’un volcan rase un village.

Þetta reddast - Tout va bien se passer

Viking vibes : sport et musique sans frime

Il faut aussi parler du rapport des Islandais au sport et à la musique, parce que c’est un bel exemple de leur philosophie : faire beaucoup, avec peu, mais bien.

Côté sport, c’est fascinant : un pays de 370 000 habitants qui met des branlées en foot à des nations vingt fois plus peuplées. Leur secret ? Des petits stades couverts un peu partout, une éducation orientée vers la confiance, et une fierté tranquille. Ils ne cherchent pas à briller, ils cherchent à être bons, ensemble.

Et puis la musique islandaise… Comment dire ? C’est une vibe. Un mélange de folklore et d’électro douce, de mélancolie et de paysages sonores glacés. Tout le monde connaît Björk et Sigur Rós, mais même les groupes obscurs que tu découvres dans un bar de quartier à Akureyri ou aléatoirement sur Spotify ont un niveau qui te met des frissons dans les os.
C’est de la musique qui a grandi entre les volcans, les tempêtes et les mythes.

Même leurs chanteurs d’eurovision sonnent comme des poètes chamaniques sous acide.

Ce que j’aime encore plus

Je ne peux pas parler d’Islande sans mentionner les hot pots. Ces bassins chauds, posés comme des glitchs thermiques dans des paysages lunaires, c’est un bonheur simple mais parfait. Un rite social, un sas de décompression, un poème géothermique.

Il y a aussi ce respect profond de la nature : pas de papiers par terre, pas de bruit de trop. On dirait que chaque Islandais naît avec un mode “Leave No Trace” activé par défaut.

Et puis il y a le Nord, moins visité, plus brut. Et Seyðisfjörður, ce petit bijou planqué entre les montagnes, où on a l’impression de vivre dans un tableau à l’aquarelle.

Ce que j’aime "beaucoup" moins

Mais bon, tout n’est pas parfait. Le tourisme de masse commence à grignoter ce paradis. Des bus entiers débarquent devant chaque cascade comme si c’était Disneyland. Et puis il y a les pièges à touristes, les prix qui flambent, l’exploitation discrète mais réelle des visiteurs (oui, 9€ la soupe au pain, je parle de toi).

Et surtout… ces foutues usines de traitement de l’aluminium, posées là comme un doigt d’honneur à la nature. Elles tournent au courant vert islandais, certes, mais elles cassent un peu la magie du “pays sauvage”.

J’y retournerai et peut-être que j’y resterai

Parfois je me dis que si je disparais du net un jour, il faudra aller voir là-bas. Si tu trouves une cabane plantée entre deux champs de lave, avec un hotpot, de la 5G, une pile de romans policiers islandais… c’est probablement moi.

J'ai envie de hurler dans les fjords : "ISLANDE, TU ME FAIS DES TRUCS DANS LE CŒUR." 💙